Rallye Aicha des Gazelles

Chaque départ s'accompagne d'une valise supplémentaire.  Même si nous avions chacun 50kg de bagages, l'expérience d'avoir vécu le Rallye une première fois est le bagages ayant le plus de valeurs. 

C'est toujours cette quête d'aller plus loin et de repousser mes limites qui me guide vers ce genre d'aventure.  Au moment ou j'écris ces lignes, je sais que j'y retournerai.  Cette expérience nourri le corps et l'esprit de façon inexplicable.

En 2009, j'ai pris part pour la première fois au Rallye Aicha des Gazelles accompagné d'une autre coéquipière. Malgré notre classement hors concours, les souvenirs que j'en garde sont précieux et gravés à tout jamais dans ma mémoire. Nous n'avons pas pu terminer la course en raison d'un bris mécanique, mais cette expérience a marqué mon existence à jamais. 

Depuis mes 16 ans, je savais que je participerais à cette course. Après trois ans de préparation, mon rêve a enfin pu se réaliser, juste avant d'accueillir mon premier enfant en 2010 et mon second en 2012. 

En 2022, l'envie de revivre cette aventure s'est ravivée en moi. C'est ainsi que j'ai décidé d'initier ma voisine et amie de longue date au Rallye Aicha des Gazelles. Jessica a accepté sans hésiter.

Le désert nous réserve toujours des surprises. Si la conduite sur neige au Québec peut rappeler celle sur le sable, rien ne saurait égaler l'expérience envoûtante de surfer sur les dunes du désert du Sahara. 

C'est alors que le 12 avril 2024, nous prenons notre envol en direction de Casablanca pour participer au 33e Rallye Aicha des Gazelles. 

Dans l'attente de notre vol de soirée pour Ouarzazate, nous avons eu la chance de découvrir Casablanca et la majestueuse Mosquée Hassan II. Pour une passionnée d'architecture comme moi, cette visite était un enchantement. 

 La conception de cet œuvre fut le fruit d’une collaboration entre le cabinet d’architecte français Michel Pinceau et différents corps artisanaux marocains ainsi que la société française Bouygues ; sous les directives et les orientations de Feu sa Majesté le Roi Hassan II. 

L'histoire de cette mosquée, dont la construction a débuté en 1986 pour s'achever en 1993 après six années de travail, est tout simplement fascinante. Les ouvriers ont enchainés des quarts de travail jour et nuit pour compléter l'ouvrage.  C'est pas moins de 12 500 artisans et ouvriers qui ont participés à ce chef d'œuvre.

Son minaret culmine à 200 mètres de hauteur.  Elle figure parmi les plus grandes mosquées du monde. La capacité d'accueil de 25 000 fidèles à l'intérieur et de plus de 80 000 à l'extérieur totalisant 9 hectares est impressionnante. 

La toiture en bois de la mosquée est rétractable, offrant un spectacle unique en s'ouvrant sur le ciel bleu du Maroc en seulement cinq minutes.  De quoi rendre les Montréalais et le Stade Olympique jaloux. 

Au petit matin, une agréable surprise nous attend. Notre hôtel est situé sur un site cinématographique ayant accueilli le tournage de nombreux films célèbres tels que "Gladiateur", "James Bond" et "Le Diamant du Nil". Qui sait, avons-nous peut-être partagé le même lit que Brad Pitt ou Leonardo DiCaprio ?! Ohhhhhhh!

Nous avons entamé notre périple très tôt, accompagnées d'une amie venue nous chercher pour relier Ouarzazate à Erfoud, notre destination finale où se déroulent les vérifications techniques et administratives du Rallye Aicha des Gazelles. 

 Nous franchissons les portes du désert, laissant derrière nous le monde de la civilisation pour pénétrer dans un royaume désertique où les dinosaures arpentaient autrefois les terres. 

 Sur place, une cinquantaine d'équipages passent les contrôles. À l'hôtel Xaluca, nous avons procédé à l'installation des systèmes de localisation et de sécurité à bord de nos véhicules et nous avons également rencontré les médecins de l'organisation pour valider notre aptitude à participer à la course.  

 C'est aussi le moment de recevoir nos gilets, que nous porterons avec fierté chaque jour. 

C'est jour de repos avant l'étape du prologue.  Certains équipage effectue leur cours de navigation (carte et boussole).  Comme nous l'avions fait dans le courant de l'hiver dernière, nous n'avons pas eu à le faire sur place.  Nous en profitons donc pour organiser l'habitacle de notre Segway X10 et faire le plein d'énergie avant le début de la course. Il faut prévoir l'emplacement pour la tente, les sacs de couchage, les outils indispensables et les 4 litres d'eau par personne requis pour tenir chaque jours.

 Heureusement, notre SSV a été minutieusement préparé par Univers Tout Terrain, spécialiste de la location de véhicules destinés à la compétition en France. 

 
Dans notre choix de participer au Rallye en SSV, nous avons conscience que nous ne bénéficierons pas du confort d'un habitacle fermé. Cela signifie également que nous devons faire preuve de parcimonie dans notre matériel à bord, renonçant aux superflus pour privilégier l'essentiel. C'est un luxe auquel nous avons délibérément choisi de renoncer pour vivre pleinement cette aventure. 

 La 33ème édition, se compose d’un prologue et de 6 étapes dont deux étapes marathon (2 jours sans rentrer au bivouac avec nuit à la belle étoile).  Le prologue d'environ 48 km et d'une durée de 3h30, sert à établir un premier classement qui ne compte que pour déterminer l'ordre de départ du lendemain.  C'est aussi une occasion de profiter d'une première soirée au bivouac et de peaufiner notre préparation pour la première étape.

C'est le moment crucial pour se familiariser avec les conditions du terrain et tester nos compétences de navigation. Nous rentrons au bivouac pas trop tard et avec une pénalité de 101 km.  Une erreur au départ de la troisième balise nous a fait perdre des kilomètres et nous a fait manqué la balise #4.

KM Idéal: 195 Km

Temps estimé: 9h30 

Après un prologue de découverte, nous rentrons véritablement dans la course avec le départ de la première étape, adoptant ainsi le rythme effréné du rallye.

Réveillées pour la première fois à 5h par Dominique, nous plions notre tente et rangeons nos affaires dans notre véhicule car dès 6h00, c'est le petit déjeuner et le briefing sportif par le directeur sportif.

Bonne nouvelle pour démarrer : le vent devrait être moins présent ! Cette première étape, surnommée « des choux-fleurs », s'annonce relativement courte, débutant par deux checkpoints automatiques avant d'entrer véritablement dans le vif du sujet à partir de la troisième balise.

La quête des balises nous a réservé son lot d'aventures aujourd'hui, avec des rebondissements dignes d'un véritable rallye ! Mais dès le départ, le chiffre 4 semblait vouloir nous jouer des tours...

Alors que nous avancions sur la route, les forts vents ont soufflé le sable, réduisant considérablement notre visibilité. Malheureusement, entre le CP3 et le CP4, la situation s'est compliquée. Malgré tous nos efforts, nous n'avons pas réussi à repérer la balise #4, et la mauvaise visibilité a rendu toute triangulation impossible.

Face à ce défi, nous avons pris la décision d'emprunter une piste. Et là, contre toute attente, la chance nous a souri lorsque nous sommes tombés sur la balise #5 ! Un équipage nous a partagé ses coordonnées pour nous aider à nous situer sur la carte.  C'est sur la balise #4 que nous nous sommes dirigés.  Nous avons donc été en mesure d'obtenir les coordonnées des balises suivantes, jusqu'à la #9.

Malgré les péripéties, nous avons terminé la journée en beauté avec un ravitaillement bien mérité à la balise #9. Nous avons pointé toutes les balises de la journée, mais avec une pénalité de 66 kilomètres. C'est ça, aussi, l'esprit du rallye : surmonter les obstacles et avancer coûte que coûte !

Demain est un nouveau jour, et nous sommes prêts à relever tous les défis que la route nous réserve. En avant vers de nouvelles aventures !

KM Idéal: 60-100 Km

Temps estimé: 8h30 

Aujourd'hui, nous affrontons l'étape redoutable des dunes de Merzouga, où chaque minute compte. Avant midi, le sable se transforme en piège, et nous devons rallier un maximum de balises avant que le marchand de sable ne nous rattrape.

Mon expérience passée en 2009 me guide dans le choix du parcours. Le parcours X, d'un niveau difficile, et le parcours Z, plus facile, sont des options, mais nous optons, d'un commun accord, pour le parcours Y, intermédiaire mais tout aussi exaltant.

L'arrivée dans les dunes derrière une multitude d'équipages 4x4 complique un peu la tâche. Il faut être un navigateur aguerri pour garder le cap et éviter tout accident.  Jessica est une coéquipière extraordinaire.  L'extrême vigilance est de mise, car chaque virage peut réserver son lot de surprises. Nous devons dépasser plusieurs véhicules déjà engagés, faisant preuve de perspicacité pour prendre les devants.

La journée avance à bon rythme, et bientôt nous retrouvons une partie des équipages quad à la balise #4. Ensemble, nous quittons les dunes, afin de reprendre chacun notre route dès la sortie.  

La conduite d'un tout terrain dans les dunes est un art en soi. Chaque décision, est calculé avec précision pour affronter les reliefs changeants du désert. C'est une danse avec le sable, où chaque virage, chaque montée, est un défi à surmonter avec habileté et détermination.

Nous rentrons au bivouac avec 16 kilomètres de pénalité sur le parcours et 60 additionnels pour avoir fait le choix du trajet Y.

KM Idéal: 150 Km

Temps estimé: 9h00 

 Au menu du jour, 7 contrôles de passage ponctuent les vastes plaines d’Hassi Beraber, sous la surveillance imposante de l’Hamada du Guir d’un côté et de l’Erg Chebbi, protagoniste des difficultés rencontrées la veille. 

 Nous nous dirigeons vers l'Est, là où la vie semble avoir déserté.  Dans cette vallée de la mort, le vent souffle très fort et en raison de ces conditions extrêmes, deux balises ont dû être retirées du programme de la journée, par mesure de sécurité.

Malgré cela, notre équipage a fait preuve d'une grande expérience et de maîtrise, et nous sommes parvenus à regagner le bivouac dès 14h30, avec un surplus de 6 kilomètres au compteur. 

En soirée, l'organisation a décidé de célébrer cette journée mouvementée avec du champagne car toutes sont rentrées tôt. Cependant, en 10 minutes, dame nature s'est déchaînée comme jamais. Une tempête de sable s'est soudainement abattue sur nous, balayant tout sur son passage.

Face à cette situation dangereuse, l'organisation nous a demandé de désinstaller nos tentes et de nous réfugier sous la tente restaurant. Une première décision est tombée : les 400 femmes de l'événement devront passer la nuit sous ce chapiteau.

Mais l'orage s'est intensifié, et il est devenu trop risqué de rester sous ce grand chapiteau qui résistant toujours face au vent. L'organisation a donc demandé à tous les équipages de passer la nuit dans leur véhicule, et a annoncé l'annulation de la journée de demain.

Les rafales de vent, atteignant parfois plus de 80 à 100 kilomètres à l'heure, nous ont bercé toute la nuit.  Rangée comme des sardines dans la roulotte média, nous nous sommes réveillées au petit matin, couvertes de sable.

Alors que la tempête fait rage autour de nous, nous nous réveillons dans l'œil du cyclone. Il est impératif d'évacuer le bivouac et de chercher un abri sûr pour la journée. L'étape sera annulée.  

Nous sommes huit équipages à prendre la direction du Riad Xaluca, guidés par l'expérience et la détermination de Betty Kraft.

Cap sur 152, à travers 15 kilomètres de paysages tourmentés, nous atteignons enfin le Riad, niché au pied des dunes de Merzouga. L'accueil chaleureux du Riad nous réconforte, et nous sommes accueillis à bras ouverts.

Le Riad met à notre disposition son salon, où nous pouvons nous détendre et nous ressourcer après ces heures mouvementées. 

En après-midi, un délicieux dîner nous est servi, nous permettant de reprendre des forces dans ce havre de paix.

Nous profitons de la vue magnifique qu'offrent les dunes de sable roux doré, ces mêmes dunes qui nous ont tant donné du fil à retordre quelques jours auparavant. C'est avec gratitude que nous contemplons ce paysage, reconnaissants d'avoir trouvé refuge dans ce lieu enchanteur.

Cette journée de repos bien méritée nous permet de nous remettre des maigres heures de sommeil de la veille et de recharger nos batteries pour les défis à venir. Nous avons grandement apprécié cette parenthèse de calme au cœur de la tempête.

KM Idéal: 285 Km

Temps estimé: 18h00 

Jour 1 de l'étape marathon.

Aujourd'hui, nous avons été les premières à atteindre les CP de la journée, mais l'aventure ne s'est pas arrêtée là. Une petite fouille de rigueur a été effectuée pour vérifier que nous ne transportions aucun équipement interdit. Et entre rires et fourires, nous avons franchi cette vérification haut la main

 La journée a continué son cours, et c'est à la balise #5 que nous avons décidé, avec plusieurs autres équipages, de nous installer en mode autonomie pour y passer la nuit. 

Nous étions accompagnées de l'équipage 29 (Anne-Fred et Sandra) et de l'équipage 31 (Cynthia et Kathleen) de l'Alberta, ainsi que de plusieurs équipages 4x4.

Sous le ciel étoilé, une belle soirée se profilait à l'horizon.  Quelle meilleure façon de célébrer cette soirée spéciale que mon anniversaire ? Je débutais ma 41e année sous la grande ourse, entourée d'ami.e.s et compagnes d'aventure. Nous avons sorti le champagne pour trinquer à cette nouvelle année.  Nos ami.e.s français nous ont gâtés avec une délicieuse fondue au fromage, des saucissons et d'autres petites gâteries, ajoutant une touche de convivialité à cette soirée déjà mémorable. Les membres des autres équipages quads ont même pris le temps de venir me chanter un joyeux anniversaire, ajoutant une note de chaleur humaine à cette soirée magique.

C'était une belle fin de soirée, remplie de rires, de partage et de complicité, sous les étoiles scintillantes du désert. 

Une soirée que je n'oublierai jamais.

KM Idéal: 285 Km

Temps estimé: 18h00 

Jour 2 de l'étape marathon.

La plaine d'Hassi Bou Haïara est un mélange éclatant d'ocre, de rouge, de gris, de noir et même de vert, parsemant le paysage de manière époustouflante. À l'est, se dressent les falaises roses et les dunes jaunes qui semblent couler tel un tableau vivant.

D'un côté, un oued attire le sable comme un aimant, tandis que de l'autre, se déploie un paysage de "tagines" et de montagnes déchiquetées. 

Au fil de cette seconde journée, le parcours nous mène vers le cirque de Tafenna, où nous rejoindrons le bivouac d'Oulad Driss. 

Malgré un départ prometteur, nous avons dépassé la balise #3 en cours d'étape, ce qui a entraîné une perte de kilomètres significative. L'étape marathon nous a coûté 43 km, et nous sommes finalement rentrées au bivouac vers 17h00.

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